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Quotidien pratique - L'organisation

Travailler avec 4 enfants

le 27 Mars 2003

Interview de Florence, bientôt 5 enfants.

Florence travaillait à temps plein, et a décidé de s'arrêter à la naissance du 5ème.

Comment organises-tu la vie de tes 4 enfants en travaillant à temps plein ?

En fait j’ai souvent l’impression « d’empiler des tranches de vie différentes » dans une journée : le boulot, les enfants, le mari, la vie sociale. C’est sûr il reste peu de temps pour la maison…D’une nounou à plein temps, horaires lourds oblige, on a progressivement rajouté une jeune fille au pair pour le soir et de nombreuses baby sitters…

Travailler avec 4 enfants, ça veut dire beaucoup sous-traiter, beaucoup organiser, beaucoup courir, beaucoup relativiser.

  • sous traiter, au maximum le « quotidien » : tout ce qui est ménage, linge, bricolage, petites courses (pain, Poste, pressing…)
  • organiser : les devoirs, les menus, les horaires (c’est un peu militaire chez nous pour la tranche 16h00 / 20h30, car les enfants se sentent rassurés par ce cadre fixe et ça aide les nounous à gérer), les activités extrascolaires et leurs trajets, toutes les périodes de vacances longtemps à l’avance
  • courir : faire les courses, acheter les mille et une choses en plus (cadeaux - notamment pour nos 8 filleuls -, vêtements, équipements...), faire ce qui ne se délègue pas (réparation voiture par exemple)
  • gérer les priorités : apprendre à lire au plus petit plutôt que ranger, prendre le temps de discuter avec l’aînée même si on est crevé et que l’on ne comprend pas bien son problème, et…passer 90% de son WE à s’occuper de ses enfants pour espérer « compenser ». C’est sûr qu’au fur et à mesure que les enfants grandissent, j’ai le sentiment que « la mer monte » : il y a toujours plus de choses à faire soi-même, à discuter, négocier, expliquer… Il y a eu une période où j’ai dû beaucoup voyager et là c’est vrai que le niveau de stress montait beaucoup : pour 4 jours d’absence, il faut tout prévoir, tout anticiper, et en plus les enfants ne s’y sont jamais habitués. Il y a toujours un grain de sable quelque part : un enfant malade, une nounou défaillante, un problème inattendu à l’école… Pour être disponible avec ses enfants et optimiser les moments que l’on a avec eux, (le fameux « temps de qualité plutôt que de quantité ») il faut être soi-même très zen et très solide physiquement et nerveusement, être capable « d’en prendre et d’en laisser ».

Comment es-tu perçue dans ton milieu professionnel avec tes 4 enfants ?

Jusqu’à présent, travaillant au Ministère de la défense, j’étais plutôt perçue avec bienveillance : en général les familles de militaires sont plus nombreuses que la moyenne et donc mes collègues comprenaient mon choix de famille, même si chez eux, c’était leur femme qui avait arrêté de travailler pour élever les enfants et qu’ils ne cessaient de se demander « comment je faisais »… Les choses se sont passées très différemment lorsque j’ai été détachée à Bruxelles et que j’ai rejoint le milieu diplomatique : beaucoup de structures familiales « atypiques », toutes les femmes de mon niveau célibataires ou divorcées, et d’ailleurs fort peu nombreuses, des horaires parfaitement incompatibles avec la vie de famille, de nombreuses obligations sociales en soirée… Mon arrivée a été attendue avec curiosité et circonspection. J’ai trouvé très difficile non seulement de chercher à maintenir mon rythme mais en plus de devoir porter le regard, plutôt malveillant, de mes collègues, en particulier femmes. C'est ma secrétaire, que j'avais fait venir de France, elle-même maman de deux enfants en bas âge, qui a joué un rôle essentiel d'alliée et de confidente. En particulier nous avons instauré de manière presque naturelle une couverture réciproque pour toutes ces petites choses qui facilitent la vie (réunions d'école, RV médecin, retard matinal imprévu etc…). Il est important à mon avis d'avoir un soutien dans la structure où on travaille pour pouvoir gérer sereinement les mille et uns grains de sable.

Qu’est-ce qui te motive à arrêter de travailler pour le 5è ?

La réponse aux deux questions précédentes induit la réponse à celle-là : d’une part j’ai envie de « souffler un peu » et de « profiter » comme toutes les mères du monde de ce que je n’ai pas connu avec les 4 premiers, au moins pour un temps, et d’autre part, me sentant « décalée » dans mon job actuel j’ai ressenti très fort ce besoin de me « poser ». Dans mon job précédent que j’adorais, la question ne m’effleurais pas vraiment. Conclusion : tout dépend si on est épanoui dans son job ou pas !

As-tu toujours voulu vivre comme tu vis ?

Oui ! c’est même assez amusant de voir que j’ai de la suite dans les idées : un ami nous rappelait récemment que nous tenions le même discours en nous mariant, et moi en particulier (mon mari aurait eu tendance à revoir ses prétentions à la baisse vu les contraintes) : « 4 enfants minimum, 5 si on est courageux ! » Alors voilà, on a choisi d’être courageux et de se lancer dans ce qui reste à mon avis une aventure de long terme, la plus belle de toutes, mais une aventure quand même, et une forme de pari sur l’avenir (pour le couple, les finances, le logement etc…). Mais pour moi c’est clair, si j’ai eu la chance d’avoir un job exceptionnel, de fréquenter les grands de ce monde, et d’en tirer revenus et considération, rien ne remplace le bonheur d’être avec mes enfants et de les regarder vivre !

Florence, maman de Aliénor 10 ans, Tiphaine 9 ans, Grégoire 6 ans et Isaure 2 ans 1/2 et un bébé bientôt (sur des questions d'Emmanuelle)